Carnet de bord # 2 Coloris Vitalis

Par Catherine Lefeuvre

 

 

Dans Coloris Vitalis, Gramblanc prend la parole seul en scène créant une situation iconoclaste car le clown blanc ne peut normalement pas, dans la dynamique de l’entrée clownesque, se passer de l’auguste dont il est devenu le faire-valoir.

La relation du clown blanc à l’auguste réside dans le fait notamment que ce dernier est mis en valeur, mis en avant par la présence du clown blanc. Le clown blanc est donc son révélateur, il contribue à porter le regard du public et son attention vers l’auguste. Gramblanc reprend ce principe de faire valoir à son compte mais d’une autre façon. Car même si l’auguste n’est pas là en tant que tel, Gramblanc peut toujours par sa parole et ses actions attirer notre attention et orienter notre regard et notre réflexion vers des augustes plus imaginaires, plus conceptuels, réalistes ou métaphoriques.

 

 

L’auguste est l’élément perturbateur qui amène du chaos, de l’inattendu, de l’irrationnel dans la vie bien ordonnée et bien sérieuse du clown blanc. Dans Coloris Vitalis, Gramblanc est aux prises avec des augustes de substitutions. Ils peuvent être allégoriques. C’est les couleurs dans Coloris Vitalis qui l’exaltent en même temps qu’elles le rendent malade. Ce sont parfois des augustes malgré eux, pris à partie, comme un spectateur ou le régisseur du spectacle, ou bien encore des personnages hors scène ou imaginaires. Ou, c’est parfois lui-même qui, pris dans le miroir déformant et facétieux de sa propre complexité, devient auguste.

Enfin, Gramblanc est en quelque sorte un clown blanc un peu perdu dans notre monde aujourd’hui envahi par les augustes. Une société qui fait du moindre événement médiatique un spectacle, qui donne l’impression d’une mise en scène perpétuelle de la vie politique et sociale, nous empêche de nous approprier réellement les enjeux de notre époque. Nous sommes gouvernés par des augustes qui font le show pour nous divertir, nous endormir et nous détourner de l’essentiel. Le clown blanc peut apparaître alors comme un empêcheur de tourner en rond, comme celui qui veut redonner du sens à tout ceci, comme un poète perdu dans un monde désespérant qui s’émeut et se bat pour vivre sa vie, comme celui qui est touché par le monde dans lequel il vit mais qui refuse d’en être le faire-valoir idéologique ou médiatique.

 

Show

Calenture n° 1 de l'Hypogée - Pour clown blanc et explosions de couleurs