Carnet de bord # 2 Roberto Zucco

Par Jean Lambert-wild & Lorenzo Malaguerra

 

 

La troupe du NTCK  (1/2)

Il y a déjà plus d’un an que le projet de la création de Roberto Zucco se dessine. En Juillet 2015, Jean Lambert-wild et Lorenzo Malaguerra se rendirent à Séoul pour définir quelques-uns des enjeux les plus importants de cette nouvelle création. Il y a bien des enjeux qui sont autant de règles à respecter si l’on veut pouvoir interpréter une œuvre aussi importante. Il faut se contraindre à de la précision pour s’offrir de la liberté, précision du décors, de la dramaturgie, de la traduction, des costumes… Mais le plus essentiel des enjeux est bien évidemment la distribution. Un casting fut organisé par le NTCK ( National Theater Company of Korea), il regroupa des acteurs et actrices indépendants au même titre que les membres permanents de la troupe du NTCK.

 

Un casting est toujours un exercice difficile, voire impossible. L’on peut trouver beaucoup de conseils sur le web pour réussir un casting ou pour l’organiser, ces conseils ont sans doute leur pertinence, mais ils ne peuvent satisfaire la joyeuse impertinence poétique de notre duo, ni d’ailleurs celle plus importante de Bernard-Marie Koltès. Nous préférons donc parler de rencontres, car il s’agit bien de cela, rencontrer une inconnue, un inimaginé, un autre, une dissemblable qui nous ouvriront des mondes plus grands et plus colorés que ceux que nous avions projetés sur chaque personnage. Il ne faut pas choisir un acteur ou une actrice parce qu’ils correspondent plus ou moins à l’idée que l’on se fait du rôle. Les idées sont hasardeuses au théâtre. Elles finissent vite par dépérir en coulisses. Nous croyons qu’il faut choisir un acteur ou une actrice pour sa capacité à révéler un mystère que nous ne soupçonnions pas.

Après plusieurs journées intenses, où nous pûmes mesurer l’engagement et  le talent de tous les acteurs présents, il nous fallut faire des choix. Nous en fîmes un, celui de confier la totalité des rôles aux acteurs de la troupe du NTCK. Et ainsi de respecter, alors que rien ne nous y contraignait, cette harmonie qui fait d’une troupe un ensemble agissant de concert, où les individus, se connaissant et s’associant dans une même volonté, forment un corps homogène et puissant qui donne cohérence et vie à chaque scène.
Depuis déjà 15 jours, nous répétons. Et chaque moment passé avec eux confirme la pertinence de ce choix. Car le regard de tous nourrit les yeux de chacun. Cela se fait avec bonne humeur, rigueur, simplicité, exigence et tranquilité. Il est évident qu’une troupe offre l’avantage d’une cohésion et d’une pratique du théâtre quotidienne que parfois les solitudes trop prolongées d’engagements parsemés ont rendu incertaine.

La troupe du NTCK place les acteurs et les actrices au centre de son institution, elle permet à chaque projet de profiter d’une équipe aguerrie où les individus se soutiennent et vivent l’intensité d’un même instant. A savoir, offrir aux spectateurs une émotion qui soit l’expression d’une éthique partagée qui fait que jouer c’est interpréter ensemble la grandeur d’un inconnu que seul on ne pourrait jamais découvrir.

Spectacle

L’histoire de Roberto Zucco, de Bernard-Marie Koltès, basée sur le parcours tristement célèbre de Roberto Succo,...