Carnet de bord # 1 Space Out Space

Par Jean Lambert-wild

 

A l’initiative de Daniel Fievet, Gérard Azoulay et moi étions invités à l’émission Ouvert la nuit de France Inter. Voilà où commence donc le journal de bord de Space Out Space.

Gérard a l’énergie rigoureuse des humanistes. Il y a chez lui une évidence joyeuse qui rend l’espace autour de lui toujours disponible. L’intimité de ce cahier ne fera sans doute pas son affaire, mais je ne puis dissocier cette aventure des armateurs qui la rendent possible. L’homme est là et l’espace se conjugue avec lui.

Converser est toujours source d’épiphanie. Je suis toujours en joie des successives digressions d’une riche conversation. Cela me déleste des lourdeurs du quotidien. J’aime l’art libre de la conversation et, de tous les médias de ce siècle, la radio est celui qui offre le plus de délivrance et le plus d’étendue à l’exercice de cet art subtil. C’est un média où mon imaginaire conserve son espace et dérive, sans contraintes, au plaisir simple de suivre le souffle singulier d’une voix.

En entrant dans le studio, moi qui suis toujours gauche de ce monde médiatique où la sentence fait office de pensée, je fus tout de suite apaisé par le velouté granuleux de la voix d’Alexandre Héraud. L’homme a du plaisir dans la phrase. Ses périodes sont amples, ses mots généreux, sa scansion lumineuse.

J’ai donc tiré profit de cette agréable conversation. Gardant pour moi cette phrase entendue «faire attention à son propre corps nous rend libre de toutes contraintes.» et encore à celle-ci «Un manteau de lourdeur se déchire.» Une constance des retours d’expériences de l’impesanteur est celle d’un moment libératoire.

Cela le sera-t-il de ma perception de l’horizon? Cela le sera-t-il des mémoires invisibles qui me traversent? Tout mouvement est une action qui entraine une réaction, peut-être que la gravité rend vive une douceur qui ne sait comment s’exprimer? Peut-être que l’impesanteur rend douce une vivacité qui ne sait comment exister? Je garde cela à explorer.

Avant de m’endormir, j’ai pu voir Orion. Elle est une direction qui tient le guide de la mémoire de ceux que j’aime.

Spectacle

Calenture N°113 de L'Hypogée