Presse

I/O GAZETTE

Mars 2019

I/O GAZETTE > La punition du ciel

On fréquente depuis quelques créations le clown blanc de Jean Lambert-wild et quoi qu’il puisse générer comme réactions épidermiques, force est de constater qu’il se charge avec panache de nuances et d’épaisseurs au gré de ses appropriations. Traversé par les figures mythiques dont il est constitué (Richard III ou Lucky dans Godot), il attrape ici celle de Dom Juan et la modèle sous un jour résolument morbide malgré l’opulence et l’extravagance alentours. Les coupes dans le texte de Molière font jaillir la noirceur en recentrant l’intrigue sur le contrepoint troublant du valet et son maître et la présence menaçante et libératrice du Commandeur. Nous voilà donc immergés dans un décor imposant de fête foraine, au cœur d’une maison hantée, sorte de palais décadent à la fantaisie colorée inquiétante. Le trop plein ne semble pas être une question et il faut accepter d’être envahis – de sons, de lumières, de pirouettes… – pour accéder à cette farce et en saisir les enjeux souterrains. Enrober pour faire passer la pilule ? Car dans cette adaptation c’est bien la mort le personnage principal, sublimée curieusement par un Sganarelle tout de squelette vêtu, désarmant de naïveté, pataud, encombré d’un corps qui semble démesuré tout comme la moralité qu’il porte comme un fardeau et qu’il confronte sans filtre à la liberté effrayante de son maître.

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DOM JUAN OU LE FESTIN DE PIERRE