Phenomena - Les cahiers de l'espace #2

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C’est à Lyon, il y a dix ans, que j’ai connu Jean. Nous étions camarades, étudiants en philosophie. De son côté, il se sentait déjà des filiations avec Kafka, Céline, Sénèque, Gombrowicz et Bond. Stoïcien de longue date, ce monde des idées et des concepts l’ennuyait à mourir, les apprentis manquaient passablement de vigueur. Il était si remuant, qu’avec quelques amis, nous soupçonnions en lui une suractivité délirante et nous devinions déjà dans ses yeux l’acuité perçante du chasseur.

Son corps semblait taillé pour la lutte. C’était quelqu’un qui nous paraissait avoir en permanence des désirs, il foisonnait d’images, il ne les cherchait jamais, elles surgissaient. Avec son écharpe rouge, je le vois encore trimbaler des tables dans les sous-sols de Lyon 3, pour les besoins du décor de Yvonne Princesse de Bourgogne, je le vois encore  en  bon  évangéliste  convertir  des  étudiants  à  la  langue  des Troyennes de Sénèque, son enthousiasme était contagieux.

Au cours de ces quatre années en philosophie, je crois que seule La Dioptrique de Descartes avait ouvert devant lui un fabuleux univers optique mêlant simulacres et esprits animaux, sans oublier le vitalisme, courant qui s’attaqua de façon directe aux paradigmes rigides du normal et du pathologique. Voilà deux axes de recherche qui se sont cristallisés pour aboutir dix ans plus tard à Orgia

 

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Orgia