Ar Marv - Texte de Catherine Lefeuvre

 

Plij’ a ra din kanañ war sujet ma bro 

ec’h an da gonto deoc’h deus ar marv 

Oho

ec’h an da gonto deoc’h deus ar marv “

 

« Il me plait de chanter sur le sujet de mon pays

Je vais vous parler de la mort

Oho

Je vais vous parler de la mort »

 

Cette création continue l’exploration d’une conversation qui a débuté avec Yann-Fañch Kemener dans L’Ombelle du Trépassé. Nous nous y interrogions sur la possibilité de mise en partage de nos deux disciplines, sur la capacité qui nous avions à démultiplier nos possibilités poétiques, sur l’opportunité d’expérimenter des signes et des intersignes qui noueraient une communauté de sens échappant aux contraintes d’énoncés spectaculaires qui réduisent la profondeur de nos regards. 

Cette conversation se continue et se développe avec Erik Marchand qui parcourt la musique comme il voyage, avec un goût prononcé des échanges. L’évidence de la rencontre nous permet d’échapper au simulacre de la représentation, de proposer au public un contrat de confiance ou l’ambiguïté d’une association entre un clown blanc et un chanteur breton n’est qu’un révélateur de nos questionnements. Ici particulièrement avec Au cas où l’Ankou sur la relation que nous entretenons à la mort et à l’oubli.

Aparté, adresse au public, tirade, conversation philosophique, faux dialogue, stichomythie… 
Tout est affaire de tempo, d’écoute et surtout d’équilibre pour que, dans une modalité la plus claire possible, une totalité soit saisissable par le public.

Pour cela, la geste d’un clown blanc offre l’avantage d’un à-propos qui ne se laisse pas piéger par la fonction expressive ou émotive de son personnage. C’est un « laquais des mots ». Nul besoin non plus d’un dispositif scénique trop complexe. Un pongée de soie et quelques lumières si l’on joue en salle ; mais cela pourrait aussi jouer sur des tréteaux en extérieur ou dans un lieu atypique à condition de garantir une liberté aux musiciens et un équilibre acoustique entre chanteur et « laquais des mots » car voici l’enjeu du contrat : pour revêtir les habits de L’Oberour ar marv, il faut être le serviteur du public et ne jamais oublier que c’est lui qui fera naître puis éteindre la représentation.