Le Marsyas, scaphandre autonome à casque et vêtement souple

Le Marsyas, scaphandre autonome à casque et vêtement souple

Les études, plans, calculs, discussions qui jalonnent la conception du scaphandre autonome Marsyas ont redéfini les rapports que nous entretenons avec les conventions de représentation théâtrale.
Cette peau imaginaire nous a obligés à repenser nos sensations et à les adapter au noyau poétique de notre projet. Toujours un même but : la souple densité !
Il peut sembler vain et ridicule d'imposer à une actrice et à des spectateurs un tel objet, qui pour beaucoup sera vécu comme une séparation interdisant aux spectateurs et à l'actrice de se toucher.
Mais le noyau est là ! Dans ce jeu de regards et d'empêchement entre le corps de l'acteur et le corps du spectateur, la perte d'une promiscuité réelle ou imaginaire obligera les corps à ouvrir un horizon de perception jusque là invisible.
Derrière la peau, les nerfs...
Et c'est dans cet invisible que le traumatisme apparaît et perce ce mur de peau sourd et protecteur, mur du simulacre pour l'acteur et la cité assemblés.

Le Mythe de Marsyas

Un jour, Athéna fit une flûte double avec des os de cerf et en joua à un banquet des dieux. Elle ne parvenait pas à comprendre pourquoi Héra et Aphrodite riaient en silence ; elle se retira donc, seule, dans un bois en Phrygie ; reprit sa flûte et, au bord d'une rivière, regarda son image dans l'eau pendant qu'elle soufflait quelques notes. S'étant rendue compte aussitôt que ses joues gonflées et son visage congestionné lui donnaient un aspect comique, elle jeta sa flûte et lança une malédiction sur quiconque la ramasserait.
Marsyas fut l'innocente victime. Il trébucha sur la flûte et il ne l'eut pas plus tôt appuyée sur ses lèvres que, se souvenant de la musique d'Athéna, la flûte se mit à jouer toute seule. Il parcourut ainsi la Phrygie enchantant les paysans qui s'exclamaient qu'Apollon lui-même n'aurait pas pu mieux jouer, même sur sa lyre. Cela provoqua bien sûr la colère d'Apollon qui proposa un concours dont le vainqueur aurait le droit d'infliger au vaincu le châtiment de son choix. Le concours se déroulait sans qu'aucun vainqueur ne s'imposât ; lorsque Apollon, interpellant Marsyas, s'écria : «Je te défie de faire sur ton instrument ce que je fais : tourne-le à l'envers, joue et chante en même temps.»
Faire cela avec une flûte était manifestement impossible et Marsyas n'y parvint pas. Alors Apollon se vengea de Marsyas de la plus cruelle façon : il l'écorcha vif et cloua sa peau à un pin près de la grotte où le fleuve Marsyas prend aujourd’hui sa source.